Nantes, le 17 octobre 2024
A l’occasion de la session du débat d’orientation budgétaire 2025, notre groupe est revenu sur l’abandon de la tarification sociale et solidaire dans les cantines des lycées par la majorité. Pour rappel, cette promesse de campagne, unique mesure sociale défendue par la droite, ne sera pas tenue. La raison ? Elle serait économiquement intenable. Mais est-ce vraiment le cas ? C’est l’objet de la question orale posée par Mélanie Cosnier.
Mars 2024 :
Christelle Morançais annonce renoncer à cet engagement de campagne, déclarant dans la presse qu’elle devait « prendre ses responsabilités et faire des choix » car d’après l’étude lancée par la Région, cela coûte trop cher.
Juin 2024 :
Lors de la session du Conseil régional de juin, un élu de la majorité confirme cette position, expliquant que les deux scénarios étudiés étaient inapplicables d’un point de vue économique. D’une part, « un scénario qui s’auto finance, […] dans ce cadre, sur un prix plancher d’un repas à un euro, la 7e tranche de quotient familial portait le repas à 16 euros. »* Toujours d’après la majorité, pour le deuxième scénario étudié, « si on prend un tarif compris entre un euro et six euros, […] le coût pour la Région, à la fois pour financer la perte de recettes et également le soutien du dispositif, à savoir en équipe et matériel, c’est 9,5 millions d’euros par ans.« *
D’un côté, une tarification qui impose 16 € par repas à certaines familles, de l’autre, un déficit annuel de 9,5 millions d’euros : la conclusion de la majorité semblait alors inévitable. Avec ces données, il apparaissait difficile de soutenir que la mesure était économiquement viable.
Septembre 2024 :
Désireux d’en savoir plus, nous avons sollicité à plusieurs reprises l’accès à l’étude complète réalisée par la Région. Après des mois d’attente, nous avons finalement obtenu les documents à la fin de l’été. Et quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que l’étude comportait deux autres scénarios, non évoqués par la majorité, pour lesquels le prix plancher du repas n’est pas fixé à 1 € mais à 3€.
Ces nouveaux scénarios révèlent une réalité bien différente, puisque pour une tarification comprise entre 3€ et 6€ par repas, l’impact annuel sur le budget de la Région serait de 400 000 euros, soit 4 centimes par repas. Ce dispositif permettrait à 21 055 familles de bénéficier d’une baisse de coût, offrant ainsi aux ménages les plus précaires une économie annuelle de 260 € par enfant, tandis que les familles avec des revenus supérieurs à 56 000 € verraient leurs dépenses augmenter de 260 € par an.
Octobre 2024 :
La mise en place d’une tarification sociale et solidaire dans les cantines est donc financièrement possible, c’est une question de choix politique. Forts de ces chiffres, nous avons interrogé la majorité : pourquoi ne pas revenir sur leur décision d’abandonner cette mesure ?
La présidente du groupe majoritaire a fermement rejeté cette idée, arguant que l’augmentation du fonds social depuis 2021, destiné à soutenir les familles les plus précaires, constituait déjà une forme de tarification sociale. Elle nous a en outre exhortés à « sortir de notre posture démagogique ».
Une mesure de justice sociale, finançable, que la Région peut tout à fait assumer économiquement serait donc « démagogique ». Voilà le vrai visage de la droite régionale.
* Extrait des propos tenus par un élu de la majorité lors du Conseil régional en date du 20 juin 2024