Tribune : « Et si on agissait enfin pour notre autonomie énergétique et l’avenir de la planète ? »

Le 22 novembre 2021

Et si on agissait pour notre autonomie énergétique et l’avenir de notre planète ?

Notre avenir énergétique se joue maintenant. Le constat est clair : à l’heure des factures qui flambent pour les ménages et les entreprises, où le changement climatique s’affirme, il y a urgence à agir à tous les niveaux et à accélérer la maîtrise et l’efficacité de l’énergie, ainsi que la production d’énergies renouvelables pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. Si les scénarios énergétiques qui visent la neutralité carbone en 2050 mettent en évidence l’impératif de développer la part de l’énergie électrique dans notre mix énergétique, ils confirment aussi que l’option 100% renouvelable est réaliste, tant au niveau technique qu’économique, avec un surcoût maîtrisé.  

Nous sommes donc face à un choix majeur : s’engager en faveur d’un avenir 100% renouvelable ou relancer la production du nucléaire.  Ce choix nécessite un débat national et transparent. L’ambition énergétique de la France doit être partagée, comprise et assumée collectivement.

Choisir le mix 100% renouvelable, comme nous le proposons, revient à investir davantage dans les technologies renouvelables actuelles mais aussi en faveur de la recherche et de l’innovation, afin de développer de nouvelles ressources en énergies propres accessibles à toutes et tous, avec un meilleur stockage et un pilotage du réseau plus efficace. Et, ainsi, adopter un mode de production et de consommation plus responsable. 

Choisir la relance nucléaire, comme le porte les droites de Christelle Morançais et de LREM, c’est continuer sur le même modèle adopté il y a 50 ans sans se poser de questions. Et pourtant, comment investirons-nous ailleurs si nous construisons de nouvelles centrales nucléaires « quoi qu’il en coûte » ? Pour rappel, le coût de l’EPR de Flamanville a été multiplié par près de 6, passant de 3,3 à 19,1 milliards d’euros, avec un retard d’au moins 11 ans !

Il est faux de dire que le nucléaire est une énergie propre puisqu’elle n’émet pas de CO2. Faut-il rappeler notre dépendance pour l’approvisionnement en uranium, les conditions de son extraction ? Il n’y a pas aujourd’hui de solution satisfaisante et pérenne pour la gestion des déchets. Faut-il rappeler qu’en Mayenne et dans le Segréen, les populations et l’ensemble de leurs élus, y compris de droite, ont refusé vivement un centre d’enfouissement ?

Emmanuel Macron et Christelle Morançais assènent que le seul choix possible réside dans la combinaison « nucléaire/renouvelable » avec le développement de nouveaux EPR et de centrales nucléaires dites SMR (Small Modular Reactors). Or, cette technologie n’existe que sur le papier et sera disponible au mieux en 2040. Quelle solution immédiate pour la centrale à charbon de Cordemais et ses 350 salariés alors que celle-ci va stopper son activité en 2026 ? Ne les laissons pas choisir seuls et à notre place !

Quels besoins immédiats ? Quelle vision à long terme ? Sortir du nucléaire d’ici vingt ans est possible, avec de la volonté et les conditions nécessaires pour préparer ensemble un avenir sobre, heureux, respectueux des humains et de la terre.

Il est urgent de nous engager sur le chemin de la sobriété, pour ne pas voir nos enfants et petits enfants pâtir des décisions actuelles, et il est indispensable d’ouvrir un débat démocratique, pour définir une décision collective. Les Français ne doivent pas, comme dans les années 70, en être privés !

Par Lucie Etonno et Matthieu Orphelin, co-présidents du groupe L’écologie ensemble