Sommet européen du climat en Wallonie : faire de l’adaptation une priorité clé dans l’élaboration des politiques !

Liège, les 8 et 9 février 2024

Les 8 et 9 février derniers, Pascale Hameau s’est rendue au Sommet européen pour le climat à Liège (Belgique). Pour la première fois, ce sommet était intégralement consacré au sujet de l’adaptation au changement climatique. Durant ces deux jours, le sujet de la nécessaire adaptation au changement climatique a largement été débattu, et ce, à tous les niveaux. Alors que les objectifs de réduction d’émission de CO2 font l’objet de nombreux plans d’atténuation, les plans d’adaptation sont des chantiers à investir y compris en Pays de la Loire.

Un sommet européen du climat en Wallonie

« Le choix du lieu de ce Sommet n’était pas fortuit puisque la Wallonie a été touchée, vous vous en souvenez, par des inondations aux conséquences dramatiques, en juillet 2021. Le bilan final s’élève à 39 décès et les dégâts dans tout le pays représenteraient près de 43 milliards de dollars de pertes. »

Pascale Hameau

Au cours de ces deux jours, nous avons donc évoqué la nécessaire adaptation au changement climatique qui est souvent le parent pauvre des politiques de transition : au niveau mondial comme au niveau local. Les objectifs de réduction d’émission de CO2 font l’objet de nombreux plans d’atténuation mais les plans d’adaptation se font attendre. Pourtant les deux sont étroitement liés et il ne faut en négliger aucun.

L’Europe se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale ; les cinq dernières années ont dépassé de plus de 2,2°C les niveaux préindustriels (1850-1900), contre 1,5°C au niveau mondial en 2023, année la plus chaude jamais enregistrée. 

« Plus nous réduisons nos émissions, moins il faudra nous adapter ! » 

Jean-Pascal van Ypersele, de la plateforme wallonne pour le GIEC

Des ateliers ont suivi, consacrés aux questions liées à l’adaptation au changement climatique, aux plans nationaux (PNACC), à leur intégration aux échelons locaux, à la maitrise des risques et des vulnérabilités, aux solutions fondées sur la nature ou comment redonner la place à l’eau. Mais aussi des sujets plus pointus tel que la commande publique comme levier d’action climat.

Il en ressort que le manque d’anticipation des conséquences du réchauffement climatique, déjà présentes et visibles, ont un impact triple : social (elle touche les plus précaires, notamment sur leur santé), environnemental (espèces menacées et pollutions pérennes) et économique (activités en danger).

Tous les intervenant.es s’accordent aussi sur le fait qu’il existe beaucoup d’aides (outils, méthodes, finances) de l’Europe, mais il faut que la volonté vienne du territoire et des élus locaux ! Notamment, pour qu’un plan d’adaptation soit vraiment utile et se décline en actions. Au niveau européen et national, chacun s’implique dans l’adaptation mais la mise en œuvre se situe bien au niveau local !

Que faut-il en retenir pour les Pays de la Loire et nos politique régionales ?

Tout d’abord, que notre région est une des plus exposées aux risques climatiques (inondation, submersion, sècheresse…) et qu’il nous faut mener le double combat de réduction de nos émissions comme celui de l’adaptation des territoires aux risques.

La première action régionale pourrait et devrait être la mise en place d’un plan régional d’adaptation qui définirait une méthode et un panel de solutions selon les risques. 

Pour bien répondre à ces risques, il faut les connaître précisément et réaliser des diagnostics de vulnérabilité aux plus proches des territoires. La région peut soutenir les EPCI dans l’élaboration de ces diagnostics par des aides techniques et financières.

Enfin, les réponses jusqu’ici apportées face aux risques se sont avérées parfois plus dangereuses que de réelles solutions. On peut citer l’exemple des digues qui peuvent se rompre et provoquer davantage de dégâts encore que leur absence, comme ce fut le cas lors de la tempête Xynthia sur la côte Atlantique. C’est une illustration de ce qu’on qualifie de mal-adaptation.

Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atantique et président du Climate chance, le traduit en ces termes :

« Si nous n’investissons pas le champ de l’adaptation, et les solutions fondées sur la nature, d’autres se chargeront de porter de mauvaises réponses ! « 

Ainsi, à la conclusion du sommet, les acteurs non étatiques soulignent l’importance des solutions fondées sur la nature dans l’adaptation au changement climatique, en mettant l’accent sur la préservation, la restauration et la gestion durable des écosystèmes. Ils ont appelé à des investissements dans des infrastructures résilientes, à la promotion de pratiques agricoles durables et à la mise en place de systèmes d’alerte précoce.

Tous appellent à faire de l’adaptation une priorité clé dans l’élaboration des politiques, à intégrer une culture de prévention et de résilience dans toutes les décisions et à mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir les actions d’adaptation. 

Philippe Henry, vice-président et ministre du Climat, de l’énergie, de la mobilité et des infrastructures de Wallonie a conclu : « Au moment où le repli sur soi tente de nombreux peuples en Europe, nous avons besoin de la détermination des acteurs non-étatiques, des collectivités locales, associations, entreprises, populations, pour avancer et agir ensemble. »

Afin de ne pas subir les effets du réchauffement climatiques qui se manifestent déjà par l’érosion de nos côtes, la raréfaction de l’eau, la perte de biodiversité et les risques d’inondation et de submersion qui menacent de très nombreux territoires ligériens, la région peut donc jouer un rôle majeur dans cette anticipation par une vraie stratégie d’adaptation.