Repensons notre modèle de gestion de l’eau

Le dérèglement climatique est là : gels tardifs, sécheresses précoces, appauvrissement des sols et de la biodiversité… Au centre, un enjeu clé : l’eau. Pourtant, la gestion de l’eau est vue comme un sujet anecdotique. Au cours de cette session plénière des 23 et 24 juin 2022, Matthieu Orphelin est intervenu en demandant à la majorité régionale de plaider pour un modèle de gestion de l’eau plus sobre, notamment en recherchant des alternatives aux réserves d’eau.

L’épisode de fortes chaleurs précoces qui a touché la France et plus largement l’Europe ce mois de juin souligne encore, s’il le fallait, l’ampleur du dérèglement climatique en cours. En mai 2022, la pluviométrie a été déficitaire de 65% par rapport à la normale. Ce fût le mois de mai le plus sec depuis 1959. Au 24 juin, quatre des départements de la Région étaient en alerte, dont la Loire-Atlantique et la Vendée en situation de crise. Ces épisodes de plus en plus fréquents et précoces, à l’instar du gel d’avril, nécessitent une politique ambitieuse de prévention et d’adaptation au changement climatique.

La raréfaction de la ressource en eau nécessite de prévoir une gestion sobre et raisonnée. Pourtant, la Région refuse de s’impliquer en la matière et renvoie toute la responsabilité aux communes et EPCI, quand bien même elle chapeaute largement la politique agricole. Et c’est bien l’agriculture la première consommatrice d’eau en ces temps de sécheresse. Les cultures comme les élevages nécessitent une forte irrigation. Et, plutôt que de repenser notre modèle agricole et notre gestion de l’eau, la majorité régionale incite aux retenues d’eau, dites « bassines ». Pourtant, si l’efficacité économique des bassines est à prouver, leur impact sur l’environnement est bien réel. La Cour administrative d’appel de Bordeaux a récemment rappelé qu’il était nécessaire de rechercher des solutions alternatives avant d’envisager les bassines.

Alors, lorsque Matthieu Orphelin s’adresse à la présidente en ces termes « Avez vous conscience que ce n’est pas dans les bassines qu’il faut stocker l’eau mais bien dans les nappes phréatiques, les sols et les haies ? », la majorité régionale lui répond « L’important, c’est qu’on puisse irriguer ! ». Le message ne semble donc toujours pas passer.