Protection de la biodiversité marine : activons les fonds européens

Industries, pêche, tourisme : avec deux départements côtiers (Vendée et Loire-Atlantique), la région des Pays de la Loire est motrice d’une activité maritime intense, créatrice de valeur sur notre territoire. Notre groupe appelle à une gestion durable et raisonnée des affaires maritimes, avec une approche durable de la pêche, bien sûr, mais une action plus globale de protection de la biodiversité et des écosystèmes marins.

L’océan au-delà des frontières : une gestion européenne

Depuis 2007, les affaires maritimes sont gérées dans le cadre de la politique maritime intégrée de l’Union européenne, qui induit des directives communes à tous les Etats membres, mais aussi un budget européen consacré. Ce budget est transcrit dans le Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture (FEAMPA). Pour la programmation 2021-2027, la France disposera de 600 millions d’euros, dont 17 millions sont délégués à la région des Pays de la Loire.

La biodiversité marine en danger

Véritable réservoir de biodiversité, l’océan est pourtant surexploité par la pêche intensive , les activités industrielles (extraction pétrolière, fret, construction navale…) et la bétonisation du littoral. Ces activités, sources de pollution lourde, détruisent peu à peu les milieux marins. L’atteinte est telle que, le 15 septembre dernier, la Commission européenne décidait d’interdire la pêche en profondeur sur plus de 16.000km² en Atlantique Nord-Est, dont des zones sur nos côtes de Vendée et Loire-Atlantique. Si cette mesure semble faible au regard de la surface des eaux européennes, le signal reste fort et nous alerte sur l’état de nos fonds marins. Les ONG s’inquiètent pourtant de longue date sur l’état des mers, même les aires protégées qui, pour 86% sont pourtant surexploitées par la pêche*.

Le rôle des régions dans la protection de la biodiversité marine

Si l’Etat est responsable d’une majeure partie du budget du FEAMPA, les récentes positions du gouvernement sur la senne démersale** ne nous rassurent pas sur sa volonté de prioriser la protection de la biodiversité sur les activités économiques. Les régions, en partie gestionnaires du FEAMPA, peuvent, et à notre sens, doivent donc choisir les mesures sur lesquelles elles veulent prioriser leur action.

Notre Bretagne voisine a bien compris son rôle à jouer pour palier la défaillance nationale***. Ainsi, elle a décidé d’ouvrir les dispositifs d’aides « Développement local mené par les acteurs locaux » (DLAL), qui permettent notamment les expérimentations en faveur de la protection et de la restauration de la biodiversité et des écosystèmes marins. Adaptée au territoire, ces expérimentations ont vocation à fournir des solutions locales, faites par et pour les acteurs.

Les Pays de la Loire à la traîne

En Pays de la Loire, la question de la préservation des écosystèmes aquatiques ne semble être vue que par le biais de la pêche durable. Ainsi, le seul soutien en matière de protection et restauration de la biodiversité marine consiste à subventionner l’innovation pour limiter l’impact de la pêche sur le milieu marin. Sur les 17M€ du FEAMPA, seuls 400 000€ sont fléchés vers ces actions de restauration et préservation de la biodiversité, et plus de 7M€ vers l’aquaculture. Cette position est décevante au regard des possibilités ouvertes par l’Union européenne. Surtout, elle est inquiétante tant elle reflète le manque de considération de la majorité régionale pour les enjeux climatiques et environnementaux, en mer et sur terre.

A l’occasion de la commission permanente du 23 septembre 2022, Gaëlle Rougeron a donc eu l’occasion de rappeler la nécessité d’agir pour limiter l’impact de la pêche sur la biodiversité marine, mais aussi d’agir pour préserver globalement les écosystèmes aquatiques au-delà de la pêche. Notre action devra notamment aller vers la transition écologique des activités des industries maritimes qui réchauffent et polluent les eaux et affectent la biodiversité.

* Etude de l’ONG Bloom

**Senne démersale : technique de pêche consistant à déployer un câble de plusieurs kilomètres au fond de l’eau afin de racler directement les fonds marins.

***https://europe.bzh/actualites/le-volet-territorial-du-feampa-est-lance/