Nantes, le 16 décembre 2022
Dans le cadre de la session plénière des 15 et 16 décembre, Sabine Lalande a porté notre vœu demandant au gouvernement de renoncer à son projet de réforme de l’enseignement professionnel dans sa version actuelle. La réforme de l’assurance chômage, mais aussi celle des retraites à venir, nous laissent craindre un marché du travail très difficile toutes et tous c’est pourquoi nous souhaitons donner les meilleures chances aux élèves de l’enseignement professionnel. La majorité régionale a rejeté notre demande, et par la même occasion annoncé sa candidature à l’expérimentation du futur dispositif France Travail.
Texte du voeu présenté :
Le 13 septembre 2022, au lycée Eric Tabarly des Sables d’Olonne, Emmanuel Macron annonçait les contours de sa future réforme de l’enseignement professionnel : une année scolaire comprenant au moins 50% de stage (avec gratifications), induisant une baisse considérable des enseignements généraux.
Avec près de 512.000 élèves en baccalauréat professionnel, dont plus de 45.000 en Pays de la Loire, l’enseignement professionnel est un véritable enjeu de formation et d’émancipation de nos jeunesses. Bien longtemps vu comme une « voie de garage » à défaut du lycée général, les « bacs pros » sont pourtant de solides outils de qualification qui doivent retrouver leurs lettres de noblesse.
Pourtant, prétendant favoriser l‘insertion professionnelle des jeunes, cette réforme repose en réalité sur le présupposé idéologique que les entreprises formeraient mieux que les enseignants. Cette réforme souhaite détruire la structure même du lycée professionnel dans un but utilitariste, vers les secteurs en tension et l’employabilité immédiate, alors que l’enseignement professionnel vise à former tous les jeunes en les ouvrant sur le monde. Il ne s’agit pas uniquement de répondre aux besoins de main d’œuvre de certaines entreprises mais aussi de procurer à notre jeune génération les outils nécessaires pour être des citoyens et citoyennes éclairés.
Dans un contexte de tension du marché de l’emploi, avec une réforme du chômage précarisant encore davantage les moins formés, la poursuite des études après un bac pro, notamment en BTS, doit être encouragée. Elle permet la mobilité sociale et la formation de travailleurs et leur permet de s’adapter aux transformations du monde du travail.
Cette réforme est largement décriée de la part de la communauté éducative, le Conseil supérieur de l’Education adoptait d’ailleurs un vœu contre cette réforme en octobre dernier. Des enquêtes montrent également que cette réforme suscite aussi une forte inquiétude des entreprises qui ne sont pas toutes favorables à une augmentation du temps de stage, beaucoup considérant que les jeunes ont besoin d’être davantage qualifiés avant d’être confrontés aux exigences du travail en entreprise.
Nous nous associons donc à l’ensemble des lycées professionnels français afin de protester contre ce projet que nous jugeons mortifère pour les jeunes engagés dans un cursus en enseignement professionnel. Nous réaffirmons notre soutien à la voie professionnelle, aux lycées professionnels et à leur vocation émancipatrice de nos jeunesses.
Dès lors, le Conseil régional des Pays de la Loire, réuni en session plénière les 15 et 16 décembre 2022, demande au gouvernement :
- D’abandonner son projet de réforme des lycées professionnels tel que présenté.
- D’engager une nouvelle concertation plus large des acteurs pour redonner des moyens à l’enseignement professionnel.