Nantes, le 19 octobre 2023
A l’ordre du jour du Conseil régional du 19 octobre figurait l’approbation des nouvelles modalités de la Dotation Jeune Agriculteur (DJA). Un sujet majeur qui a fait débat mais une occasion manquée par la majorité régionale de préparer véritablement une agriculture d’avenir. Le groupe L’écologie ensemble a également profité de la session plénière pour proposer de faire des Pays de la Loire un territoire d’expérimentation pour la sortie du glyphosate.
Les Pays de la Loire ne relèveront pas le défi de l’installation
D’ici moins de 5 ans, près de 20% des exploitations agricoles ligériennes seront à transmettre. Entre 2010 et 2020 le nombre d’exploitations agricoles dans notre région a baissé de 23%. Notre collectivité a l’ambition d’atteindre un taux de renouvellement de 65% d’ici 2027 et doit donc proposer une politique volontariste pour l’installation de jeunes agriculteurs et agricultrices. Face à une profession de moins en moins attractive (pénibilité, conditions salariales, stéréotypes), il y a un enjeu à attirer les personnes non-issues du monde agricole (NIMA).
La majorité régionale fait le choix d’une modulation supplémentaire de la DJA accessible seulement à partir d’un projet à chiffre d’affaires trop élevé, excluant de fait les projets d’installation élevage ou bio modestes, particulièrement ceux des NIMA ou des maraîchers. La majorité régionale choisit également de bonifier davantage l’installation en élevage qu’en bio, sans limiter les risques d’installations en élevage intensif (type ferme-usine), alors que l’on connait les répercussions environnementales, sanitaires et en matière de bien-être animal. Malgré les alertes des organisations agricoles, les différents amendements proposés par l’opposition n’ont pas été adoptés.
La Région, répondant probablement aux sirènes d’une agriculture productiviste dans l’impasse, manque donc l’occasion de proposer une DJA capable de relever le défi de l’installation sur notre territoire.
Pour une politique de l’installation attractive et cohérente avec les enjeux de transition écologique, cette DJA aurait dû :
- Valoriser davantage l’installation en agriculture biologique, pour inciter à l’adoption d’un modèle plus favorable à la qualité des sols, de l’eau, de notre santé et de notre alimentation, dont la modulation serait supérieure à celle de l’élevage.
- Valoriser uniquement l’installation en élevage extensif, plus respectueux des ressources naturelles et moins émetteur de CO².
- Modifier la condition d’accès du micro-bénéfice agricole pour permettre le soutien aux projets d’exploitation plus modestes, souvent plus vertueux et végétaux et à l’initiative des NIMA.
Notre question orale sur la place des femmes en agriculture
Souvent angle mort des analyses, la place des femmes au sein du monde agricole devrait pourtant être au coeur de nos priorités. Celles-ci cumulent en effet le poids des freins à l’installation partagés avec les hommes (risques financiers, difficultés à trouver du foncier disponible, adaptation au changement climatique, pénibilité, solitude, faible rémunération) et les freins propres au genre, faits de multiples stéréotypes et de discriminations.
Claire Schweizter a donc interrogé la majorité régionale sur les moyens mis en oeuvre pour accompagner au mieux les femmes porteuses de projet dans la concrétisation de leur souhait d’installation et pour leur permettre d’être équitablement représentées et soutenues dans ces démarches. Nous déplorons la réponse évasive de la majorité régionale, qui s’est contentée de donner quelques données chiffrées, plutôt qu’une réponse pro-active sur ce qui restera un angle mort de la politique régionale agricole.
Pour une région Pays de la Loire sans glyphosate
A l’échelle européenne, la ré-autorisation d’utilisation du glyphosate a fait débat, les Etats-membres n’arrivant pas à se mettre d’accord. Un nouveau vote devrait avoir lieu courant novembre. D’ici là, la parole des différents acteurs doit être forte sur la scène nationale et européenne pour éviter une décision à rebours de l’Histoire.
Dans ce contexte avéré de dangerosité pour la santé publique et l’environnement, la Région Bretagne a redit son opposition à prolonger les autorisations d’utilisation du glyphosate. Cette collectivité s’est portée candidate pour expérimenter des alternatives à l’utilisation de ce puissant pesticide en collaboration avec l’Agence régionale de santé et l’Agence de l’eau. A travers une question orale, Elsa Richard a demandé à la Région Pays de la Loire de s’engager elle aussi sur une expérimentation et la mise en oeuvre d’alternatives.
Réponse de la majorité régionale : le débat scientifique n’est pas tranché, donc pas de raison d’aller sur ce sujet. Elle choisit donc l’immobilisme plutôt qu’une position courageuse.