Aide régionale à un chantier naval des Sables d’Olonne : un traitement “privilégié” qui interroge

Nantes, le 16 février 2024

Lors de la commission permanente du 9 février, la majorité régionale de Christelle Morançais a fait voter l’abandon d’une créance de 250 000€ et un rééchelonnement d’un prêt régional d’1M€ attribué en 2022 au bénéfice du chantier naval des Sables d’Olonne Privilège Marine, repris par un fonds d’investissement tchèque. Devant les lacunes des informations présentées, la délibération a fait débat et interroge les élu.e.s du groupe L’écologie ensemble au Conseil régional, qui plaident pour une meilleure utilisation des fonds publics régionaux.

Le secteur du nautisme est un point fort de l’économie régionale mais qui reste fragile. Il est porté par une industrie nautique qui génère beaucoup de chiffres d’affaires avec des marges plus ou moins importantes et qui connaît des difficultés de recrutement. C’est un secteur qui doit aussi prendre en compte l’impact de ses activités sur le climat et l’environnement. Le chantier naval Privilège Marine qui a connu une histoire mouvementée en est la parfaite illustration.

Lors de la commission permanente du 09 février, il était proposé d’approuver une aide régionale pour ce concepteur d’un modèle particulier de bateaux, des catamarans de luxe dont les prix s’échelonnent entre 1,5 et 6,5M€. Au-delà de l’absence de conditionnalité, ce nouveau soutien est plus que surprenant. 

Après deux prêts régionaux en 2016 et 2022, l’exécutif régional consent à un abandon de créance qui équivaut à une subvention de 250 000€ pour un acteur présenté comme “en difficulté” dans la délibération. Pourtant, le chantier naval en question, sous pavillon allemand entre 2017 et 2022, a récemment été repris par un fonds d’investissement tchèque (qui détient 40 milliards d’euros d’actifs dans le monde fin 2022*) et son carnet de commande reste plein. Le projet de développement de l’entreprise prévoit l’investissement dans de nouvelles capacités industrielles, avec des créations d’emplois et certainement un retour sur investissement à la clé.

Notre groupe a questionné plusieurs aspects du dossier, sans obtenir de réponse satisfaisante de la majorité régionale : 

  • Sur les allées et venues des acteurs étrangers au capital de l’entreprise, puisqu’il s’agit du 2ème acteur en sept ans.
  • Sur les aides publiques versées à des entreprises liées à un fonds d’investissement, dans un contexte où les aides régionales directes sous forme de subvention sont devenues plus rares.
  • sur les garanties quant au remboursement du reste du prêt régional.
  • Sur les difficultés connues de recrutement sur le secteur, alors que l’entreprise veut réaliser une centaine d’embauches.
  • Sur les engagements écologiques du chantier naval.

De manière incompréhensible, la majorité satisfait les exigences du fonds d’investissement étranger et semble organiser elle-même un chantage à l’emploi pour défendre sa dépense. Néanmoins, il est difficile de penser que c’est cette subvention de 250 000€ qui sauve les plus de 200 emplois quand on voit les montants en jeu. 

Pour notre groupe L’écologie ensemble, la doctrine en matière d’accompagnement économique doit être plus claire. Nous demandons que les aides publiques attribuées soient conditionnées à des engagements écologiques et sociaux, pour des projets industriels d’avenir créateurs d’emplois sur le territoire et qui répondent aux besoins locaux.

Lucie Etonno, conseillère régionale de Vendée et présidente du groupe L’écologie ensemble
Solène Mesnager, conseillère régionale membre de la commission économie

Annexe : extrait de la délibération du 09.02.24
*Voir : https://www.ppf.eu/en/about-the-ppf-group/about-us