Le développement de l’intelligence artificielle ne peut pas se faire sans cadre

A l’occasion du Conseil régional, la majorité de Christelle Morançais a mis au vote une délibération relative au déploiement de l’intelligence artificielle (IA) au service des entreprises et des agents au sein de la Région. Si le déploiement de l’IA est inéluctable, Solène Mesnager et Gaëlle Rougeron ont rappelé qu’il ne pouvait se faire sans prendre des mesures fortes pour en limiter l’impact environnemental et social.

En tant que collectivité, la Région se doit d’accompagner le développement de l’IA au service de son territoire. Toutefois, cela doit se faire dans un cadre précis et exigeant. La Région doit veiller à ce que les finalités de ce déploiement servent l’intérêt général.

Croire que l’IA constitue une solution simple à tous les problèmes est un leurre. En effet, si ses usages peuvent être positifs dans la gestion énergétique, l’agriculture ou les mobilités, ces exemples demeurent aujourd’hui marginaux face à des effets négatifs majeurs, tant sociaux qu’environnementaux.

À titre d’exemple, à l’horizon 2030, l’IA pourrait représenter jusqu’à 35 % de la consommation électrique mondiale. Par ailleurs, une vigilance particulière doit être portée à notre souveraineté numérique : face aux risques de dépendance vis-à-vis des serveurs étrangers et de captation des données personnelles, le principe de précaution doit guider l’action publique.

Le déploiement de l’IA impacte également le monde du travail. Selon une étude publiée le 4 septembre par la Réserve fédérale de New York, 13 % des entreprises de services envisagent de réduire leurs effectifs en raison de ces outils. La Région doit donc veiller à ce que le développement de l’IA ne se fasse pas au détriment de l’emploi sur le territoire. Elle doit anticiper les transformations professionnelles susceptibles d’affecter certains métiers et mettre en œuvre un accompagnement préventif pour ces transitions.

C’est dans cet esprit que notre groupe a formulé quatre propositions pour encadrer le développement et l’usage de l’intelligence artificielle dans les politiques régionales et au sein des entreprises accompagnées, rejoignant notamment les préconisations du CESER des Pays de la Loire.

Bien qu’ayant elle-même reconnu le manque d’informations transmises dans le rapport soumis au vote, la majorité a tout de même voté contre nos propositions, arguant que la Région s’engagerait à les mettre en œuvre ultérieurement et qu’il n’était donc pas nécessaire de les inscrire dans le rapport.
Une réponse pour le moins paradoxale : si tout est déjà prévu, pourquoi refuser de l’écrire noir sur blanc ?

Cliquez sur les images pour lire nos propositions

Parallèlement au déploiement de l’IA au service des entreprises, la Région a également développé un outil d’intelligence artificielle générative au service des agentes et agents de la région : « LigerIA ».

Cet outil est présenté par la Région comme étant destiné à faciliter le travail des agents en facilitant les tâches répétitives, la traduction, la reformulation, la rédaction d’une note de synthèse ou encore l’extraction de données.

Toutefois, ce déploiement s’est fait sans évaluation préalable de son impact sur la stratégie de gestion des ressources humaines de la Région. Nos interrogations rejoignent celles formulées par les organisations syndicales : l’IA doit assister les agents, pas les remplacer. LigerIA doit être un outil au service du travail humain, et non un instrument de substitution.